"Connaître le passé pour comprendre et vivre le présent en préparation de l'avenir..."
ECOLE SAINT JOSEPH (HERMEE)
Filles de Sainte Marie de la Présentation (Broons)
Une longue histoire d'AMOUR
"Ceux qui sèment dans les larmes moissonnent en chantant" dit le psalmiste.
A quoi répond cette autre parole de l'Ecriture :
"Autre est celui qui sème, autre est celui qui moissonne.
"Elles ont semé nos devancières.
Nous, nous récoltons.
Que tout serve la gloire de Dieu et l'avancement du Royaume."
1978 : Des religieuses françaises rendent visite à notre école. Nous vous livrons leur ressenti…
"Liège, Luik, Lüttich, disent d'aucuns…
Si vous le voulez, nous descendrons du confortable wagon de ce train international où nous avons pris place, il y a un peu plus de quatre heures, en gare de Paris Nord et qui nous conduirait, à souhait, à Berlin, Copenhague ou Moscou.
Nous avons choisi la petite capitale de la Wallonie où vous entendez les passants parler français (et quel français ! ) ou wallon, à moins qu'ils ne soient immigrés ou touristes, car ni les uns, ni les autres ne manquent dans la "cité ardente".
A la sortie de la gare des Guillemins, une voiture nous attend (nous sommes en 1978 ! ). Nous ne nous attarderons pas dans les rues encombrées de la ville mais, le plus directement possible, nous gagnerons l'autoroute qui, en quelque quinze minutes, nous permettra d'arriver à notre destination. Peu après avoir passé l'impressionnant échangeur de Loncin (ne se croirait-on pas aux USA ? ), la signalisation routière renseigne "Hauts Sarts – Hermée". Ayant quitté l'autoroute, la voiture suit maintenant sur 2 km la route établie en bordure du Parc Industriel des Hauts Sarts qui, depuis 15 ans, a pris la place des immenses champs de pâturages qui s'étendaient là et faisaient la richesse de la région.
Autoroute, Parc Industriel… Voilà bien les deux principales causes du changement d'aspect et de vie du coin.
De petite commune rurale qu'elle était, Hermée où nous arrivons maintenant est devenue à peine semi-rurale et même cité résidentielle ou cité-dortoir comme disent certains. Voyez partout ces nombreuses maisons particulières très récentes, coquettement bâties et serrées les unes contre les autres, et constatez les constructions encore en chantier.
Nous voilà au centre du village signalé par l'église dont, de l'autoroute déjà, nous pouvions apercevoir le clocher, ce clocher, fierté des anciens herméens, parce que, malgré les assauts du temps et de l'ennemi, il a résisté et continue de se dresser, visible de loin sur tout le plateau.
Et voilà une maison ordinaire, semblable par son architecture à la plupart des maisons du village construites à la même époque : c'est là qu'habite la communauté. Elle est bien, cette demeure, le signe de ce que les Filles de Sainte Marie ont tenté d'être dans la paroisse. Comme Jésus de Nazareth, elles sont des fidèles au même titre que les autres paroissiens ; elles sont une présence religieuse parmi le peuple et partagent d'une manière authentique ses joies, ses peines, sa vie : ne sont-elles pas aussi une interrogation continuelle et un rappel constant de valeurs peu communes ?
La barrière étant largement ouverte, la voiture qui nous amène pénètrera facilement dans la cour.
Je vous invite à jeter un coup d'œil circulaire. Sans nul doute, nous sommes dans une école, c'est l'œuvre principale des Filles de Sainte Marie à Hermée depuis 1914. Et, vraiment, ces bâtiments qui enferment la cour de trois côtés, nous racontent soixante ans d'histoire."
Qui sont les Filles de Sainte Marie de la Présentation ?
Broons 1817
L'abbé Joachim Fleury devient curé de Broons, petite ville bretonne située dans le département des Côtes du Nord en France. Il a l'intelligence des besoins de son peuple : pas d'instruction pour les enfants, isolement des malades et des défavorisés, pratique religieuse tiède.
Ces appels pressent son cœur de prêtre. Il les mûrit dans la prière, les confie à la Vierge Marie et, patiemment, il cherche à y répondre. Au même moment vit à Broons la famille Lemarchand dans une vie chrétienne exemplaire. Les deux filles, Louise et Laurence, portent, elles aussi un projet dans leur cœur : se consacrer à Dieu et se mettre au service des pauvres.
De 1827 à 1832 : les deux projets mûrissent, se rencontrent et se concrétisent. Seule ombre au tableau, l'abbé Fleury ne trouve pas de congrégation pour accueillir les deux postulantes. Qu'à cela ne tienne, l'œuvre aura désormais sa vie propre ! La congrégation des Filles de Sainte Marie naît. Bientôt, quelques jeunes filles rejoignent les deux sœurs. La vie s'organise en véritable communauté d'œuvre et de prière.
"Filles de Sainte Marie…
A travers ce nom, nous reconnaissons comme un héritage, l'esprit que nos fondateurs ont voulu imprimer à leur famille religieuse :
- FOI profonde et DISPONIBILITE à l'ESPRIT ; l'offrande simple et joyeuse de Marie dans la fraîcheur d'un cœur qui se donne sans réserve demeure le modèle de notre attitude face aux appels du Seigneur.
- Esprit évangélique d'humble simplicité et de dévouement…, non des "dames" mais des filles qui travaillent, qui vivent simplement."
La jeune congrégation connaît un rapide essor.
Bientôt, des sœurs sont envoyées dans les paroisses voisines ou plus éloignées.
S'intéresser à l'histoire des bâtiments de notre école, lire ses briques et ses murs, c'est découvrir une communauté dynamique, la passion et la volonté de tous les artisans qui l'ont conçue et réalisée, c'est entrer dans un projet d'éducation, un projet de société : faire œuvre d'Eglise au sein du monde moderne pour le bien de tous.
1914 - Hermée : A l'initiative de l'abbé Paisse, curé de la paroisse et des familles Ghaye, Fontaine et Tasset, des paroissiens aménagent une fermette achetée par Monsieur Henri Dessain, éditeur à Liège.
Ils veulent y recevoir une communauté religieuse et créer une classe "gardienne" afin de doter le village d'un centre d'éducation chrétienne.
9 avril: Deux religieuses de la congrégation des Filles de Sainte Marie de la Présentation s'y installent pauvrement pour y accueillir les jeunes enfants. Ce sont Sœur Lutgarde de Jésus et Sœur Jeanne.
Monsieur Dessain fera don de l'ancienne fermette au couvent.
Août : A peine occupé, le modeste bâtiment est pris dans l'incendie du village…
"Hermée pleurait douze civils tués par l'ennemi envahisseur. 146 maisons parmi lesquelles : la maison communale, les deux classes communales de garçons, les deux classes communales de filles, l'école des religieuses, les habitations du personnel enseignant et du Curé avaient été incendiées en deux fois (dans la nuit du 5 au 6 août et le 14 août) sans motif, par les soldats portant à la boucle de leur ceinturon : Gott Mit Uns"(archives du diocèse).
1915 : Le 21 avril, grâce à la bonne volonté et à l'acharnement de nombreux bénévoles, l'école rouvre ses portes alors qu'on célèbre la solennité de Saint Joseph, tout un symbole !
On y ajoute une classe primaire pour accueillir filles et garçons. Pendant trente ans, dans ce bâtiment, on pratiquera l'éducation et l'instruction mais aussi quelques fois par ans, on y jouera des pièces de concert pour récolter quelqu'argent. Il fallait bien s'acquitter des factures de charbon !
Un comité de soutien voit aussi le jour. Des paroissiens s'engagent à verser 2,50 francs par mois afin de subvenir aux besoins matériels.
1928 : Sœur Stanislas-Joseph et Sœur Marie de Saint Laurent ont rejoint Hermée. Les religieuses décident d'héberger quelques fillettes internes venant de Hermée et des villages voisins.
1935 : Faute de personnel religieux et d'équipement suffisant, on ferme le petit pensionnat. L'école qui a connu une classe maternelle et trois classes primaires en perd une.
Les sœurs intégrées dans la paroisse s'occupent de l'entretien de l'élise et de la sacristie. Elles visitent les malades et les vieillards. Elles tiennent aussi une école "du dimanche" pour la formation des adultes et s'occupent de mouvements d'enfants.
Entre 1935 et 1945 :
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Au village, Monsieur Hubert Darcis monte une troupe dramatique dont le premier enjeu est le soutien de l'école. Il dirige aussi une chorale et une harmonie qui animent et contribuent à l'ambiance chaleureuse des rassemblements de villageois. |

1945 : Le village et la communauté avec lui, sortent de la nouvelle épreuve de la guerre non sans avoir subi des bombardements dévastateurs. N'est-ce pas à 4 heures du matin qu'un V1 s'écrase le 22 novembre 1944, entre le chœur de l'église et le presbytère soufflant littéralement ce dernier ainsi que la moitié de l'église !
Il précipite sous les décombres Monsieur le Curé Gonissen et sa gouvernante. Au couvent comme dans bien d'autres maisons du village, les dégâts sont importants, heureusement rien que matériels.
1950 : Encouragé par l'abbé Riskin, le comité scolaire, désormais présidé par Monsieur Ernest Leruth, entreprend la construction des murs définitifs des trois locaux à l'intérieur de la fermette. On y joint une nouvelle classe et une salle de fêtes qui servira aussi de gymnase… sans oublier les concerts dont les rentrées financières sont toujours indispensables !
Sœur Stanislas Verdin dispense des cours de couture dont le programme scolaire n'est pas piqué des hannetons.
1953 : On ouvre la troisième classe primaire. A cette époque, deux institutrices laïques travaillent aux côtés de deux religieuses, les deux autres sœurs de la communauté restant en relation étroite avec le milieu scolaire.
1956 : Arrivée de Mademoiselle Irène Brène (alias Madame Hermesse), la plus limbourgeoise des herméennes, immédiatement insérée dans la chorale de la paroisse qui chantera, pour la première fois dans la région, la messe en français selon des textes traduits par l'abbé Riskin lui-même et mis en musique par Monsieur Duysinx.
1959 : Dans sa classe, Mademoiselle Brène accueille les filles des trois premières années primaires. Garçons et filles sont séparés et Monsieur Edouard Vanbrabant devient chef d'école de la section "garçons". Cette situation durera deux ans.
Observez le poêle à charbon, le bureau personnel de l'institutrice et les bancs fabriqués par Monsieur l'abbé Riskin, assisté de Monsieur François Colson.

1961 : La première excursion scolaire de l'école emmène les élèves au domaine provincial de Bokrijk à bord des voitures de parents. Les participants se souviennent peut-être encore du grand toboggan de Sœur Marie et de la visite cahotique dans le petit train touristique venu en ligne droite de l'exposition universelle de Bruxelles.
1966 : L'école maternelle a ouvert sa seconde classe. Elle sera attribuée à Sœur Emilia Verdin, nouvellement arrivée en compagnie de Sœur Marcel Marie comme directrice, après une absence de 9 ans.
C'est une équipe de joyeux drilles entreprenants et très efficaces qui organise la première fancy-fair à thème.

1969 : Prévoyant l'extension de la population herméenne suite à l'installation du parc industriel des Hauts Sarts à l'entrée du village et parce que toutes les capacités d'accueil des enfants sont épuisées, le comité scolaire estime urgent de pourvoir à de nouveaux locaux. Sur le jardin des sœurs, au fond de la cour actuelle, on élève un préau surmonté de deux classes spacieuses et bien éclairées. Pour ce faire, il faut contracter un emprunt remboursable en 10 ans même si le bénévolat, la main d'œuvre locale, des tracteurs agricoles et de l'argent prêté sans intérêt par des paroissiens font encore cette fois merveilles.
Précisons que par la même occasion, le chauffage central est enfin installé dans l'ensemble des locaux.
Dès le 1er septembre, les nouvelles classes sont occupées. Elles seront inaugurées officiellement au mois de novembre. Pourtant, le 12 août, il a fallu faire face à un nouvel incendie dû, cette fois, à une erreur de manipulation du chauffagiste.
1971 : La population scolaire s'accroît sans cesse et le comité scolaire, toujours aussi dynamique, prolonge le bâtiment du fond par deux locaux vite occupés. On ouvre la sixième classe primaire.
1973 : L'école compte maintenant ses trois classes maternelles. Il faut placer d'urgence deux classes préfabriquées dans l'enceinte même de l'école. L'aire de jeux s'en trouve sensiblement réduite !
1975 : Le comité scolaire achète un bout de terrain jouxtant la cour de récréation. Un association de parents engagée voit le jour. Retour de Sœur Marie-Christiane, pensionnée, qui s'occupe du service intérieur, seconde les surveillances, joue à fond son rôle de catéchiste et celui de visiteuse de malades.
1976 : La commune connaît un développement considérable. L'année scolaire s'achève avec 208 élèves primaires et 117 élèves maternelles. Il y a de nouveau urgence !
Mais cette fois, ce sera avec l'aide du fonds national de garantie pour les constructions scolaires Il y a là un fameux progrès social et politique !
Aussi, le nouveau projet ne manque pas d'envergure. Il s'agit d'édifier un complexe offrant six classes spacieuses, deux locaux plus petits et des installations sanitaires appropriées aux jeunes enfants.
1977 : Le projet a abouti et le 28 août a lieu son inauguration.

En septembre, Sœur Madeleine Kaye, la benjamine des religieuses, fraîchement débarquée, se voit confier la charge d'une sixième primaire.
En octobre, grâce à une dérogation ministérielle et à la ténacité de Monsieur Launoy, président de l'Association des Parents d'élèves, on peut procéder à l'ouverture d'une dixième classe primaire pour dédoubler la 5ème année qui comptabilise 36 élèves (43, l'année précédente) !
1982 : Encore deux retraites bien méritées.

Sous la houlette éclairée de Sœur Marcel Marie qui sait faire partager son enthousiasme pédagogique, l'école entre officiellement en rénovation. Des parents refuseront d'en accepter les objectifs…
1986 : En septembre, après une direction d'école de plus de 20 ans, Sœur Marcel Marie prend sa retraite et vaque à bien d'autres occupations au sein même de sa congrégation.
Elle décèdera en 2005 au terme d'une vie riche d'amour et de service.
Sœur Madeleine Kaye lui succède. Elle apporte sa fraîcheur, son érudition biblique et sa gentillesse. Elle a, comme Louise et Laurence Lemarchand, un projet qui lui tient à cœur : rejoindre le Cameroun, la communauté installée à Jaoundé pour y vivre encore davantage le service à autrui. Elle y parviendra en 1989.


1988 : Le 4 juin, l'école est encore en fête pour l'inauguration de la nouvelle infrastructure destinée à l'école maternelle et pour célébrer la restauration des anciens locaux. Pour cette entreprise, il convient de rendre hommage à Monsieur Roger Stockart, président du Pouvoir Organisateur, ainsi qu'à Monsieur Louis Brolet, le trésorier, qui ont mis tous deux leurs compétences professionnelles au service de sa réalisation.

1989 : Suite au départ de Sœur Madeleine, Monsieur Raoul Dejardin est nommé au poste de direction, le premier "directeur" depuis la création de l'établissement.
Cette année, l'école fêtera ses 75 ans d'existence…




2005 : Ce 1er septembre, Monsieur Dejardin s'en va vers d'autres fonctions. Il devient inspecteur diocésain et mettra ses nombreux talents au service de bien des écoles.
Monsieur Jean-Marc Slangen lui succède. Une nouvelle page s'écrit…
2006 : L'école entre dans l'ère informatique pour le grand public car, en interne, ses outils sont déjà opérationnels auprès des enfants depuis plusieurs années.
Aujourd'hui, l'école Saint Joseph de Hermée, c'est un cadre environnemental inchangé si ce n'est que les religieuses s'en sont allées…
Toute notre communauté est fière de son enracinement et fidèle à sa tradition. Elle vit et fait vivre les valeurs reçues de la congrégation des Filles de Sainte Marie de la Présentation.
Notre communauté se compose de :
- un Pouvoir Organisateur soucieux de son école et des enfants qui la fréquentent.
- un Directeur jeune et consciencieux, animateur du projet éducatif et pédagogique de l'école, gestionnaire quotidien des ressources tant humaines que matérielles.
- des enseignants professionnels et motivés qui mettent leurs compétences au service de l'éducation et de la maîtrise des apprentissages dans la pratique quotidienne de la vie collective.
- des Surveillantes et Animateurs accueillants et dévoués qui contribuent aussi au bien-être et à l'épanouissement des enfants.
- d'une Logopède expérimentée qui traque sans relâche les difficultés individuelles et se dépense sans compter pour y remédier.
- d'un Conseil de Participation, forum d'échanges, de discussions et de projets dans l'objectif de faire progresser l'école.
- d'une Association de Parents, complément du Conseil de Participation, dont le souci permanent est le bien de chaque enfant.
- d'un Comité des Fêtes dynamique dont l'enjeu est l'organisation d'activités festives et la récolte de fonds supplémentaires pour le bien-être et le plaisir des enfants.
Chacun, selon sa responsabilité, concourt au même but en y apportant ses propres compétences et dans le respect de celles des autres. Tous font œuvre commune et l'"enfant" est au centre de leurs préoccupations.
Dans l'attention à l'élève et le regard que nous posons sur lui, il y a du regard de Dieu sur lui.
La volonté de tous est de servir et d'ainsi servir Dieu.